L’impact du changement climatique sur l’économie mondiale est clairement identifié. Et il est de plus en plus identifiable. Un nouveau témoin s’installe depuis quelques mois dans le paysage de l’Amérique Centrale : le ralentissement des activités du Canal de Panama.
Le fameux Canal, qui relie le Pacifique Atlantique et où transitent 6% du trafic maritime mondial, est alimenté par deux lacs qui s'assèchent (Alajuela et Gatún sont les deux lacs artificiels qui fournissent le canal en eau, nécessaire au fonctionnement des écluses).
De février à avril, les précipitations ont été inférieures à 50 % de la normale : cela a fait chuter le niveau du passage à trois milliards de mètres cube d’eau douce. Et il n'y a aucun signe de l’arrivée imminente de la saison des pluies qui commence généralement avant l'été.
Tandis qu’il faut plus de 5,2 milliards de mètres cube d’eau pour que la navigation fonctionne correctement, cette situation contraint les porte-conteneurs à alléger leur chargement, pour limiter le tirant d’eau, et à payer des droits plus élevés (des frais de conteneurs allant de 300 à 500 dollars par boîte).
Cela affecte plus précisément les Néo-Panamax, adaptés au nouveau couloir du Canal de Panama: le trafic de ces navires géants devrait se réduire de 40% (source Bloomberg). Les colis expédiés devront être répartis dans des bateaux plus petits ce qui pourrait accroître de 1 500 dollars le prix du conteneur pour les importateurs. Un exemple concret : le passage de deux conteneurs par semaine de 12 tonnes chacun à environ 3 000 dollars l'unité à trois conteneurs fait bondir le prix de l’expédition de 6 000 à 9 000 dollars.
Et les solutions alternatives seront, elles aussi, coûteuses : emprunter le Canal de Suez rallonge le transit-time et le passage par les ports californiens implique l’utilisation du rail pour rallier le Midwest et la Côte Est.
Cette circonstance vient handicaper un trafic maritime mondial en difficulté après une période post-covid extrêmement faste. Et l’émergence du phénomène El Nino ne devrait pas arranger les choses….